Les armes des paysans d'Okinawa
On classe générale-ment les armes du Kobudo en trots catégories. Longue distance (Bo, Eku, Yari, Nunti Bo, Naginata, Sodegarami et Sasumata, Kuwa/ Kue), distance moyenne (Saï, Turfa, Manji Saï, Kama, Nunchaku, Tinbeï et Rochin, Suruchin) et distance courte {Tekkojenchu, Eda, Tanto, Shaken). Voici une sélection non exhaustive d'armes typiques d'Okinawa.
1. Bo : Le bâton. Probablement l'arme par destination la plus ancienne de l'ile. À Okinawa, le bâton long viendrait du Tenbo, pièce de bois souple et résistante, utilisée par tes pêcheurs de l'ile pour porter leurs sacs tressés de poisson sur l'épaule. On dit aussi que les moines chinois ne le quittaient jamais. Ils en auraient même imaginé les premiers katas sous la dynastie Heian (12* siècle), qu'ils auraient transmis au siècle suivant aux îliens de Ryukyu, Le Jo (bâton court) est une variante du Bo, tout comme le Nunti (Bo équipé d'un trident inversé).
2. Saï : Le trident. L'un des nombreux outils transformés en arme redoutable par les paysans de l'ile qui l'utilisaient par paires en corps à corps. La plupart d'entre eux gardaient un 3' Saï caché à la ceinture. Le premier à servir en cas d'attaque, qu'ils lançaient comme un trait lorsque l'adversaire arrivait sans se méfier à distance de Bo. À noter que cette arme a longtemps été fabriquée en deux parties (garde et manche) assemblées par un lien. Au 19' siècle, la technique du coulage (moule creusé dans la terre) a permis de fabriquer des armes monobloc. La police japonaise a adopté une variante du Saï, le Jîtte, plus court et équipé d'une seule corne.
3. Tonfa : Le manche de meule. Avant de devenir une arme de combat rapproché, te Tonfa n'était qu'un simple manche utilisé par les minotiers de l'île pour moudre le grain. La partie courte s'enfonçait dans un trou creusé sur le côté de la meule. La longueur du corps du Tonfa peut varier (3 ou 4 fois la longueur du manche qui mesure environ 15 cm).
4. Kama : La faucille. Sa lame traditionnellement très tranchante en indique l'origine : il s'agit d'une vulgaire serpette. Cet outil s'est ouvert à d'autres coupes que le riz ou le fourrage. Du coup, sa forme et surtout son montage ont été revus. Citons le Kusarikama, dont l'extrémité (le dos de lame) est équipée d'une corde lestée en guise de lasso. Trop fragile pour supporter les coups, la lame a été épaissie et l'attache renforcée pour intercepter les attaques de sabre sans se briser. Le Natagama s'utilise par paire comme le Saï.
5. Nunchaku : Le fléau. De toutes les armes d'Okinawa, voilà la plus célèbre. Immortalisé par Bruce Lee, le Nunchaku n'était pas le fouet que le maître du Jeet Kune Do en a fait (il disait d'ailleurs qu'il n'aimait guère cet instrument, utilisé jadis
par les femmes). On en connaît mal l'origine. S'agit-il d'une arme chinoise {nuncha-kun à 3 branches) ou d'une pièce de bride d'attelage, comme on te dit au Bundukan de Naha, située près du mors du cheval (et tenue par une corde de crin tressé) ? Ou encore d'un outil pour écorcer les arbres ou battre le riz ? Comme le Saï, le nunchaku est censé protéger l'avant-bras, mais sa longueur varie. Certains modèles sont durcis au feu à leur base (Kontei). D'autres (Marugata) sont de forme cylindrique. Chaque style justifie la longueur des branches et leur nombre, puisqu'il existe des nunchakus à 4 branches (Jonsetsukon).
6. Tekko/Tenchu : Le gant de fer. L'ancêtre du poing dit «américain». Dans sa forme traditionnelle, le Tekko, qui fait partie des armes de corps à corps, s'utilise par paires. A noter que la forme, la structure (fer et bois) et la disposition des piques visent autant tes appuis de l'adversaire (points faibles) avec des frappes en contre très ciblées, que ses armes. Le Tekko, dit-on, arrête le Bo et brise le sabre. Il ne s'utilisait jamais au visage comme c'est le cas aujourd'hui en bagarre de rue.
7. Kaï/Eku : La rame. Traditionnelle à Okinawa, elle est équipée d'une pelle biface symétrique par rapport à l'axe. Elle peut peser près de 10 kg et mesure souvent 6 pieds. Le manche est plus court. Contrairement au Bo, FEku ne s'utilise que d'un côté pour frapper, contrer et aussi trancher les appuis (articulations des jambes), voire la tête des samouraïs, comme le conte une ode du pays. Ce qui explique que leurs katas soient différents (Tomari-ryu).
8. Tinbe/Seïryuto : Ensemble composé d'une sorte de machette (Seïryuto) et du célèbre bouclier (Tinbe), fabriqué à l'origine dans une carapace de tortue et savamment décoré. Une arme destinée aux gradés du Kobudo.